Télécharger L'heure des fous (Fiction) de Nicolas Lebel
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Auteur: Nicolas Lebel
Livres: Policier et Suspense
Taille du fichier: 777 KB
Nombre de pages: 384 pages
Editeur: Marabout (28 mai 2014)
Langue: Français
Format: Epub, PDF, Doc, TXT, MP3
Extrait
Mardi 9 septembre - Et le trois, là, c'est pas possible ? demanda Ménard, perplexe. - Ben non ! Ce putain de quatre est obligatoirement là. Alors..., répondit Mehrlicht, tout aussi perplexe. Il y eut un court silence et Ménard se risqua de nouveau à donner son avis. - Vous êtes sûr, capitaine ? Je veux dire... On peut essayer de mettre le trois et... Mehrlicht releva la tête et fixa Ménard de ses yeux globuleux. - Dis-donc ! Je te rappelle que t'es inspecteur stagiaire, et qu'un inspecteur stagiaire, ça peut pas savoir mieux qu'un flicard qui a trente ans de boutique, tu me suis ? Les mots de Mehrlicht semblaient se tordre et se traîner dans un bac de gravier avant de sortir de sa gorge. Le grincement qui en résultait suffisait souvent à mettre un terme aux débats. - Oui, bien sûr, capitaine, capitula Ménard, en passant la main dans ses cheveux ébouriffés. - Alors, ce putain de trois, il peut pas être là. C'est une question de flair, d'instinct. C'est le feeling, comme disent les rosbifs. Tu peux pas comprendre. Tu parles anglais ? - Non... Je... Non. - C'est ce que je disais. Tu peux pas comprendre. Deuzio : oui, je sais qu'on dit «lieutenant» et plus «inspecteur» depuis 1995. Mais j'aime mieux «inspecter» que «lutiner», si tu vois ce que je veux dire. Tu vois ce que je veux dire ? - Je crois, oui. - Troizio : il en reste pas moins que t'es stagiaire. Tu seras peut-être un cador dans trente ans, mais pour l'instant, au sudoku, t'es une quiche. Mehrlicht replongea son regard dans la grille béante, laissant Ménard à son embarras, planté à côté du bureau. Arrivé depuis une dizaine de jours au commissariat du XIIe arrondissement parisien, le lieutenant stagiaire François Ménard se mettait lentement un collègue à dos. Et pas des moindres : Mehrlicht. Non seulement c'était Mehrlicht, «le collègue le plus ancien du commissariat», Mehrlicht, «le capitaine Mehrlicht qui vous accueillera dans notre grande maison», mais en plus c'était Mehrlicht, «le type à tête de grenouille dont il faut se méfier». Ça, on ne pouvait pas le nier : le petit homme chétif en costume marron avait une tête de rainette, un peu à la Paul Prébois, mais en plus batracien encore. Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures -, on voyait poindre de sa gueule un mégot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte.
Revue de presse
Misant davantage sur l'humour de ses personnages que sur le réalisme de son intrigue, ce plaisant polar rend un hommage appuyé à Eugène Sue, l'auteur des Mystères de Paris, et à Michel Audiard, le dialoguiste des Tontons flingueurs. (Macha Séry - Le Monde du 4 avril 2013)
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Mardi 9 septembre - Et le trois, là, c'est pas possible ? demanda Ménard, perplexe. - Ben non ! Ce putain de quatre est obligatoirement là. Alors..., répondit Mehrlicht, tout aussi perplexe. Il y eut un court silence et Ménard se risqua de nouveau à donner son avis. - Vous êtes sûr, capitaine ? Je veux dire... On peut essayer de mettre le trois et... Mehrlicht releva la tête et fixa Ménard de ses yeux globuleux. - Dis-donc ! Je te rappelle que t'es inspecteur stagiaire, et qu'un inspecteur stagiaire, ça peut pas savoir mieux qu'un flicard qui a trente ans de boutique, tu me suis ? Les mots de Mehrlicht semblaient se tordre et se traîner dans un bac de gravier avant de sortir de sa gorge. Le grincement qui en résultait suffisait souvent à mettre un terme aux débats. - Oui, bien sûr, capitaine, capitula Ménard, en passant la main dans ses cheveux ébouriffés. - Alors, ce putain de trois, il peut pas être là. C'est une question de flair, d'instinct. C'est le feeling, comme disent les rosbifs. Tu peux pas comprendre. Tu parles anglais ? - Non... Je... Non. - C'est ce que je disais. Tu peux pas comprendre. Deuzio : oui, je sais qu'on dit «lieutenant» et plus «inspecteur» depuis 1995. Mais j'aime mieux «inspecter» que «lutiner», si tu vois ce que je veux dire. Tu vois ce que je veux dire ? - Je crois, oui. - Troizio : il en reste pas moins que t'es stagiaire. Tu seras peut-être un cador dans trente ans, mais pour l'instant, au sudoku, t'es une quiche. Mehrlicht replongea son regard dans la grille béante, laissant Ménard à son embarras, planté à côté du bureau. Arrivé depuis une dizaine de jours au commissariat du XIIe arrondissement parisien, le lieutenant stagiaire François Ménard se mettait lentement un collègue à dos. Et pas des moindres : Mehrlicht. Non seulement c'était Mehrlicht, «le collègue le plus ancien du commissariat», Mehrlicht, «le capitaine Mehrlicht qui vous accueillera dans notre grande maison», mais en plus c'était Mehrlicht, «le type à tête de grenouille dont il faut se méfier». Ça, on ne pouvait pas le nier : le petit homme chétif en costume marron avait une tête de rainette, un peu à la Paul Prébois, mais en plus batracien encore. Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures -, on voyait poindre de sa gueule un mégot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte.
Revue de presse
Misant davantage sur l'humour de ses personnages que sur le réalisme de son intrigue, ce plaisant polar rend un hommage appuyé à Eugène Sue, l'auteur des Mystères de Paris, et à Michel Audiard, le dialoguiste des Tontons flingueurs. (Macha Séry - Le Monde du 4 avril 2013)
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